Cueillette sauvage en Corse : comment cueillir sans piller le maquis ?
Beaucoup idéalisent la cueillette sauvage corse comme un geste simple et romantique. La réalité est plus exigeante. Le maquis est un territoire fragile, soumis à la sécheresse, aux pressions humaines, et à des règles strictes. On ne cueille pas “parce qu’il y a des plantes”. On cueille parce que le vivant peut le supporter. Et parce qu’on sait comment le faire. C’est valable pour le romarin, le myrte, et aussi pour l’immortelle de Corse sauvage — dont la cueillette obéit à un cadre précis. Ici, nous partageons notre manière de faire : une cueillette réglementée, respectueuse, régénératrice. Pour que demain, le maquis soit encore plus beau qu’aujourd’hui.

La question revient, encore et encore, sous nos vidéos, sous nos posts, dans nos messages privés :
Est-ce qu’on peut vraiment cueillir sauvage… sans abîmer la nature ?

Ce doute est légitime.
Parce que derrière l’image romantique du “maquis sauvage”, il y a une réalité fragile : sécheresse, pression touristique, plantes sous tension. Et en parallèle, la montée d’une cosmétique plus naturelle, qui peut parfois créer une nouvelle forme de prédation du végétal.

La cueillette sauvage, c’est un statut, pas un hobby

En Corse, on ne “se sert pas” dans le maquis.

On demande. On cadre. On signe.

Comment ça se passe concrètement chez Intimu ?

  1. On repère un coin de cueillette (ex : un secteur riche en romarin)
  2. On demande à la Mairie qui est propriétaire (dans 98% des cas , c’est la commune)
  3. On dépose une demande officielle de cueillette (par parcelles / espèces / quantités estimées)
  4. On fait signer une Charte de cueillette (charte officielle établie par Office de l’Environnement, Conservatoire du littoral, etc.)

— C’est le contraire du “on y va on coupe tout”.

C’est un acte engagé, pensé, cadré.

Cueillette sauvage en Corse avec une serpette, coupe de plantes aromatiques dans le maquis.

La cueillette sauvage en Corse est strictement réglementée

On ne le dit pas assez.
Cueillir sauvage est un acte réglementaire.

En tant que producteurs professionnels de PPAM (Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales), nous sommes autorisés à le faire dans un cadre strict, avec des règles bien précises.

Et nous cueillons selon la Réglementation de la cueillette des espèces végétales sauvages non protégées en milieu naturel, établie par la Préfecture de Haute-Corse (toute personne y est soumise).

— À titre d’exemple très parlant :
un particulier ne peut pas prélever plus d’1 kg d’immortelle de Corse sauvage.
Ce plafond existe, même si l’hélichryse n’est pas une espèce protégée.

En tant que professionnels PPAM, nous ne sommes pas soumis à ce quota.
Mais cela ne veut pas dire que l’on fait ce que l’on veut.
Au contraire.

La Charte de cueillette : un cadre encore plus précis

Avec Laurent, nous cueillons aussi dans le cadre d’une Charte de cueillette établie par l’Office de l’Environnement, le Conservatoire Botanique et la Préfecture.

Elle formalise des évidences… mais il est bon de les rappeler.

Exemples :

  • cueillir avec des outils adaptés (serpette, sécateur dents propres)
  • transporter dans des draps coton ou lin (jamais plastique)
  • prélever moins de 80% de la plante présente dans une station (nous trouvons déjà 80% énorme… donc nous faisons toujours beaucoup moins)
Laurent et Hélène dans le maquis du Cap Corse avec un drap de cueillette, récolte sauvage de plantes aromatiques.

Ainsi, pour l’immortelle de Corse sauvage, il est par exemple préconisé de la couper avec une serpette dentée. Pas un sécateur simple, pas une serpe. Ces outils ne sont pas adaptés à la structure de l’immortelle, et peuvent casser la tige au lieu de la couper net. Et beaucoup l’ignorent : l’immortelle doit être rabattue proprement pour éviter la formation de bois inutile, qui diminue ensuite sa vigueur végétale (donc sa qualité aromatique future). La coupe est un geste technique, précis, qui conditionne sa beauté de demain.

Et c’est ce soin, cette exigence, qui permet ensuite de créer de véritables huiles essentielles corses artisanales, distillées avec sens, sans jamais trahir la plante.

Pour certaines plantes, c’est même indiqué noir sur blanc :

— “Pour quelques plantes pérennes au contraire, des coupes sévères seront réalisées afin de privilégier l’émission de rejets (myrte, lentisque…).”

Et l’autorisation de terrain ? obligatoire aussi.

Et puis il y a un autre point que beaucoup ignorent : l’autorisation du propriétaire du terrain.

Ce n’est pas parce qu’une plante se trouve dans un coin que nous aimons, que nous pouvons la cueillir.
En Corse, comme partout, le maquis appartient toujours à quelqu’un.

Alors systématiquement, on demande l’autorisation du propriétaire.

Dans environ 95% des cas pour nous : ce sont des terrains communaux.
Donc nous allons en Mairie, rencontrons M. ou Mme Le Maire, présentons précisément notre demande (parcelle, espèces, quantités), puis nous faisons signer l’autorisation de cueillette + la Charte.

Si le terrain est privé, c’est la même chose : on contacte le propriétaire, on explique, on fait signer.

Ce n’est pas une formalité inutile.
C’est la base.

Pour la petite histoire : notre toute première demande officielle d’autorisation de cueillette, nous l’avons déposée à la Mairie de Sisco en 2015. Nous avons alors obtenu l’autorisation de cueillir de l’immortelle de Corse sauvage sur un terrain en bord de mer, extrêmement escarpé. C’était notre tout premier coin d’immortelle sauvage. Et c’est là que nous avons compris à quel point chaque autorisation, chaque lieu, chaque plante… méritait d’être respecté à l’échelle du vivant.

La cueillette sauvage corse ne s’improvise pas.

Geste de cueillette du romarin sauvage dans le Cap Corse, production artisanale Intimu

C’est un vrai métier, avec un cadre légal, des compétences techniques, de la botanique, du respect, des autorisations écrites.
Et nous, on ne se verrait pas faire autrement.

Et c’est pour cela que notre taille d’entreprise est parfaitement calibrée pour le Cap.
On produit à l’échelle d’un territoire.
Pas à l’échelle d’un marché.

Ce qui change tout : la taille de l’entreprise vs la taille du territoire

Le Cap Corse, c’est “l’île dans l’île”.

À l’œil nu, on peut avoir cette sensation d’infini : des kilomètres de maquis, des collines entières de romarin, de myrte, de lentisque.
Mais cette immensité apparente est trompeuse.
Le Cap est un territoire limité, vulnérable, soumis à la sécheresse, soumis au vent, soumis aux pressions humaines.

Alors chez INTIMU, on a fait un choix clair. Certains diraient presque “anti-business” : Ne jamais produire plus que ce que notre territoire peut soutenir.

Notre entreprise est petite.
Notre territoire est petit.
Et nous voulons que cette équation reste cohérente, durable, régénératrice.

Exemple très concret : le romarin

Nous avons 3 ou 4 coins de cueillettes sauvages principales.
Quand nous avons exploité l’un, nous le laissons ensuite tranquille.
Nous tournons. Nous laissons respirer. Nous laissons repousser.

Résultat : nos coins de romarin d’il y a 10 ans sont aujourd’hui plus beaux, plus fournis, plus florifères.

Oui, la cueillette sauvage — quand elle est bien faite — est régénératrice.

Ce n’est pas un oxymore. C’est la réalité du vivant !

L’autre règle d’or : cueillir au bon moment, pour nous… et surtout pour elle

On l’oublie trop souvent : cueillir sauvage, c’est d’abord connaître la plante.

La plante a des cycles.
La plante a des saisons.
La plante a des besoins physiologiques.

Alors oui, nous pourrions parfois récolter tel jour parce que c’est pratique pour nous, parce que notre planning serait plus simple, parce que la distillation serait mieux agencée…

Mais nous attendons.

→ nous attendons que les abeilles profitent pleinement de la floraison (et dans le Cap, elles sont en souffrance…)
→ nous attendons que la plante soit en pleine force végétale
→ nous ne cueillons jamais une plante en stress hydrique

C’est du bon sens.

C’est cette logique qui fait aussi la beauté de nos hydrolats bio corses, issus de plantes cueillies à leur meilleur moment.

Et c’est surtout un lien intime avec notre territoire.
Le maquis nous parle. On l’écoute.

Pourquoi on fait ça ?

Parce qu’on vit ici. Le maquis, c’est chez nous.

Voilà LA valeur Intimu.

Nous ne sommes pas “venus chercher le maquis” comme on vient chercher une opportunité.
Nous avons choisi de nous y installer il y a 10 ans.
Nous y vivons, nous y travaillons chaque jour.

Notre objectif n’a jamais été de faire du volume, ni de répondre à une logique industrielle de rendement.

Notre objectif est simple — mais exigeant : que le maquis soit encore plus beau dans 10 ans qu’il ne l’est aujourd’hui.

Parce que nous, dans 10 ans, nous serons toujours là (🤞)
Parce que c’est ici que nous avons décidé de bâtir nos vies.

Hélène en cueillette sauvage dans le maquis du Cap Corse, dans le vent, geste attentif sur le végétal.

Et demain, alors ?

La cueillette sauvage responsable, c’est l’avenir.
Mais ce n’est pas pour tout le monde.

Elle exige :

  • une connaissance du territoire réel (et pas une mythologie marketing)
  • une vraie botanique (comprendre les cycles et besoins de la plante)
  • une capacité à se restreindre (ne pas prendre plus que ce que la nature peut donner)
  • un cadre légal strict et respecté

Sans cela, ce n’est plus de la cueillette.
C’est juste un pillage chic, emballé dans un joli discours “naturel”.

Conclusion — La cueillette sauvage corse est un pacte

Ce que nous défendons chez Intimu est simple à dire.
Mais exigeant à faire, à répéter, année après année :

Cueillir sauvage est un acte d’alliance, pas un acte de prédation.

On prend. On donne. On protège. On transmet.

On n’exploite pas le maquis. On le sert. On l’honore. On le remercie.

Et c’est ce pacte-là qui fait que notre cosmétique n’est pas juste “naturelle”.
Elle est vivante. Et profondément liée à son territoire.

Si vous voulez aller plus loin, si vous voulez sentir ce que donne une plante cueillie avec respect puis distillée dans sa pleine puissance, je vous invite à découvrir nos huiles essentielles corses artisanales, nées ici, dans le maquis du Cap.

Et si vous préférez des rituels tout prêts, vous pouvez aussi explorer nos soins naturels Intimu, créés avec ces mêmes plantes sauvages.

[yarpp]

0 commentaires

Soumettre un commentaire