La distillation, étape déterminante dans la qualité d’une huile essentielle.
La distillation d’huiles essentielles est un savoir-faire ancestral, affiné avec le temps pour arriver au procédé actuel.
Chaque distillateur a ses préférences, son petit truc qui fait que chaque huile essentielle est unique…
En quoi consiste la distillation des huiles essentielles ?
Il s’agit plus exactement d’une extraction par entrainement à la vapeur d’eau.
Cette vapeur, produite par un générateur haute ou basse pression, est injectée par le bas de l’alambic (ou vase à fleur) et traverse les plantes en entrainant leurs molécules aromatiques.
A la sortie de la cuve, la vapeur enrichie de ces molécules traverse un serpentin réfrigérant qui permet de la condenser, c’est à dire, la faire passer à l’état liquide.
Ces eaux sont recueillies dans un essencier (ou vase florentin) dans lequel s’opère la séparation de deux produits :
– l’huile essentielle et
– l’hydrolat.
L’huile essentielle, plus légère que l’eau, remonte en surface tout au long de la distillation, tandis que l’hydrolat coule en continu dans l’essencier.
L’huile essentielle est recueillie en fin de distillation afin de récupérer les composés les plus « légers » ainsi que les composés plus « lourds » et obtenir ainsi une huile essentielle dite « complète ».
La distillation chez Intimu, c’est aussi prendre son temps.
Notre cuve en cuivre a une contenance de 600 litres.
Cela convient parfaitement à notre capacité de cueillette que nous réalisons Laurent et moi.
Pour des plantes telles que l’immortelle, il nous faut cueillir très tôt le matin et distiller aussitôt car la belle n’attend pas.
Elle fermente très vite !
Les rendements sont différents selon la plante bien-sûr, mais aussi selon le lieu, la période de cueillette, la météo etc.
Ainsi par exemple, l’immortelle a un rendement de 1/1000, ce qui signifie qu’il faut 1000 kg de plantes pour obtenir 1 kg d’huile essentielle d’hélichryse.
Le romarin, lui, a un rendement de 5/1000.
Ce sont des moyennes, bien entendu.
Le temps de distillation est plutôt une affaire de qualité que de rendement : comme expliqué auparavant, pour qu’une huile essentielle soit complète, il faut recueillir toutes les molécules aromatiques.
On parle de fractions de « tête », « cœur » ou « queue ».
Certaines molécules sont en effet plus longues à passer. Pour des questions de rentabilité, certaines huiles essentielles de qualité médiocre sont distillées en 30 minutes…
Chez Intimu, nous distillons à minima 2 heures, et pour des essences telles que le pin laricio (lariciu), cela peut monter jusqu’à 4 heures.
Qu’est-ce-qui rend nos huiles essentielles uniques ?
Les critères primordiaux pour produire une huile essentielle de qualité sont selon nous :
- D’abord choisir le bon moment de cueillette : une observation attentive de la plante dans son environnement est nécessaire.
- Ensuite, réaliser une distillation longue et complète d’une part, et « adaptée » aux caractéristiques de la plante d’autre part.
- Nous sommes « pro cuivre », c’est aussi un critère pour nous.
- Le terroir exceptionnel qu’offre le Cap Corse est déjà un critère de qualité en soi. Un lieu si sauvage !
- Enfin, le dernier critère est beaucoup moins palpable et peut même paraître excentrique pour certains, mais nous croyons beaucoup en la bienveillance et en l’intention que l’on apporte lors de chaque étape de production.
De ce fait, les odeurs vibratoires de nos huiles essentielles véhiculent un message puissant.
Prenez le maquis avec nous !
Assistez maintenant à une cueillette et une distillation d’immortelle, la fameuse petite fleur corse jaune qui ne fane jamais…
La musique de fond est une magnifique chanson du groupe Spartera dont l’un des membres est d’ailleurs fan et fin connaisseur de nos huiles essentielles.
La distillation, une affaire de famille !
Petit clin d’œil aux origines de Hélène 😉.
Chez Hélène, on distille depuis des générations.
Elle est néanmoins la première à produire des huiles essentielles.
Car avant on distillait … de l’eau de vie.
Originaire de Fougerolles (70), un village de Franche – Comté, l’art de la distillation est une tradition historique depuis le 17ème siècle.
Ici en photo, il s’agit de la reconstitution d’une unité de distillation de kirsch à l’Ecomusée de la Cerise à Fougerolles.
On y distille encore aujourd’hui, entre-autres eaux de vie, du kirsch, de l’eau de vie de cerise.
Les bouilleurs de cru – c’est le nom que l’on donne aux personnes autorisées à produire leurs propres eaux de vies – étaient nombreux il y a encore une vingtaine d’années.
La famille d’Hélène en faisait partie.
« La distillation était un moment de partage entre parents, amis ou voisins. J’étais trop petite pour m’en souvenir, mais mon grand frère me racontait qu’avec mes cousins, derrière le dos des parents, ils passaient leurs bouches sous le filet d’eau de vie, n’imaginant pas le degré d’alcool de cette eau ! »
Le cœur, les âmes, les petites eaux, tout un registre sémantique qu’Hélène a appris en étant pendant 2 saisons, jeune guide de l’écomusée du Pays de la Cerise.
« La technique de la distillation m’a toujours passionnée. Ecouter les distillateurs expliquer leur savoir-faire, comprendre que pour un même produit de départ – la cerise – la technique et l’amour du produit allaient faire leur différence à l’arrivée.
Tout cela me sert aujourd’hui quand avec Laurent, nous mettons tout notre cœur à récolter nos plantes et à les distiller… »
Un peu d’histoire…
Déjà au temps des civilisations anciennes, l’homme cherchait à utiliser les plantes comme remède.
En Australie, en Chine, en Inde, en Egypte, en Grèce, on connaissait bien l’emploi des plantes aromatiques, par exemple sous la forme d’encens, de résines, ou même de parfum.
À Rome, leurs vertus cosmétiques étaient utilisées dans des bains aromatiques, des lotions ou des crèmes.
Avec les croisades, les arabes apportèrent les premières formes d’huiles essentielles pures en Occident.
Jusque là, on utilisait plutôt la plante sous une forme infusée.
Le romarin ou la lavande sont ainsi les premières plantes méditerranéennes à être distillées.
Du Moyen-Âge au XXème siècle, l’aromathérapie se fait oubliée.
Elle réapparait en France avec ceux que l’on considère aujourd’hui comme les pères de la nouvelle aromathérapie :
- René-Gattefossé, chimiste et parfumeur
- Sévelinge, pharmacien
- Le Docteur Valnet qui la fait connaître du grand public
- Pierre Franchomme, grand aromatologue qui met en avant l’importance du chémotype.
Sans rentrer dans les détails de ce que chacun apporte comme connaissance dans l’aromathérapie, l’anecdote suivante démontre l’efficacité des huiles essentielles et explique pourquoi on s’y est intéressé alors :
En 1918, René-Maurice Gattefossé se brûle lors d’une explosion dans son laboratoire.
Sans réfléchir, il plonge ses mains dans un récipient rempli d’huile essentielle de lavande vraie qu’il utilise pour ses parfums.
Immédiatement, il est soulagé et ses plaies seront vite guéries et cicatrisées.
10 ans plus tard, c’est lui qui créera le mot « aromathérapie » pour désigner la relation entre la structure biochimique d’une huile essentielle et son action.